Fèt Balèn : les baleines dans tous leurs états

& par Chadna Moutoucomarapoulé

Crédit photo : Globice Réunion

Reportage / Le 19 juillet 2025, Globice Réunion lançait la toute première édition de la Fèt Balèn à Saint-Pierre, un événement festif et militant pour mieux faire connaître les cétacés qui croisent nos côtes — au moment même où une nouvelle réglementation encadrant leur observation en mer entre en vigueur. Radio Coco y était.

Dès l’arrivée au port de Saint-Pierre, le ton est donné : c’est Balèn en lèr ! Dans le ciel, une immense baleine gonflable flotte au-dessus de nos têtes. Au sol, la rue Gabriel Dejean est noire de monde, presque trop étroite pour contenir les badauds venus déambuler à cette fête populaire. Pas de doute, la première édition de la Fèt Balèn démarre fort.

Petits et grands sont venus nombreux découvrir le programme dense concocté par Globice Réunion, ONG pionnière dans l’étude et la protection des cétacés dans l’Océan Indien. À la croisée des chemins entre sensibilisation scientifique, culture et engagement environnemental, l’événement semble déjà marquer les esprits.

Une fête pensée ici, pour ici

Derrière cette fête, un nom : Jean-Marc Gancille, le responsable communication et développement de Globice, et artisan de cette première. Difficile à attraper tant il est sollicité ce jour-là, mais quand on l’interroge enfin, il résume simplement l’intention :

“Ici, on a la chance d’observer ces animaux, on voulait en faire une fête.”

Ce n’est pas un « simple » communicant. À Bordeaux, il a cofondé Darwin, tiers-lieu écolo de référence. Auteur de trois ouvrages, il milite pour l’écologie et l’animalisme. Auteur engagé, il apporte aujourd’hui son expérience et sa vision à la cause depuis notre sol réunionnais.

Science, débats et baleines en réalité virtuelle

Au Kerveguen, peu avant midi, la salle est pleine à craquer pour assister à la conférence du CEDTM (Centre d’Étude des Tortues Marines) et de sa brigade Quiétude, créée en 2017 pour encadrer plus responsablement l’observation des baleines. En filigrane : la question qui fâche — la nouvelle réglementation et sa réception, notamment par les opérateurs de sorties en mer. Ils ne sont visiblement pas là. Jonathan Cotto, conférencier et chargé de mission pour la brigade Quiétude, nous le confirmera plus tard. 

Dehors, le début d’après-midi est pluvieux mais ne refroidit pas l’ambiance. Cet imprévisible climat c’est l’écosystème de notre île, et finalement l’âme de cette fête. 

Dans les allées, les enfants enchaînent les activités. Mention spéciale au stand des Petits Débrouillards avec un casque de réalité virtuelle sur les yeux : immersion garantie. On a testé. Le kiff.

Un autre stand attire notre attention visuelle : une baleine faite de déchets trône au sol, œuvre du stand de l’association Prop’Réunion. Son fondateur Matthias Commins, déjà passé au micro de Radio Coco, sensibilise à l’impact dévastateur des déchets marins :

“Un seul mégot peut polluer 500 litres d’eau.”

Street art engagé

Avant de repartir dans le chef-lieu, dernière halte pour rencontrer Brebixx, alias Morgane, en pleine session de “live painting”. Son œuvre, inspirée du style pop des années 60-70, détourne les codes publicitaires pour dénoncer une « course à LA photo la plus instagrammable », détaille l’artiste. Cette baleine star en promo avec « son banc de poissons Croustibat », prise malgré elle dans un tourbillon consumériste… Le message est clair.

En bref, la Fèt Balèn a réuni, sans fausse note, sensibilisation scientifique, animations familiales et regards critiques sur nos pratiques. Le tout, dans une ambiance populaire et conviviale, et cela avant même l’heure de l’apéro et des concerts ! Une réussite pour une première édition, qui laisse espérer une suite encore plus ambitieuse.