Notre playlist Electropicales 2025 (partie 1)

Sélection / En attendant que la belle éruption Electropicales 2025 jaillisse, on vous a préparé une playlist maison. Pas une simple mise en ambiance : ici, chaque morceau vient avec son histoire, sa petite info qui claque. Du local bouillant aux têtes d’affiche venues faire trembler le Barachois, de quoi muscler ta culture musicale en te mettant déjà dans le mood.

Levitating – The Blessed Madonna remix feat Dua Lipa, Madonna, Missy Elliott…

C’est l’histoire d’un remix stratosphérique, comme seule la pop moderne sait en offrir. Tout commence avec Future Nostalgia, album-capsule de Dua Lipa sorti en pleine pandémie, salué comme l’un des meilleurs disques pop grand public de ces dernières années. Très vite, l’idée germe d’en faire une version remixée : ce sera Club Future Nostalgia. Et pour cela, Dua appelle l’arme fatale des platines, The Blessed Madonna.

Cette dernière s’attaque à Levitating avec sa patte club survitaminée. Mais Dua veut encore plus de « fun ». Elle dégaine deux mails bien sentis à… Madonna et Missy Elliott. Les deux divas acceptent illico. Madonna enregistre ses voix à distance, glisse même une référence à son tube Lucky Star (1983), pendant que Missy balance son couplet – avec en prime un coup de klaxon (on sait pas pourquoi). The Blessed Madonna assemble le tout façon puzzle rave. Résultat : un remix monumental, devenu le lead single du projet, pressé sur vinyle via son propre label We Still Believe. Épic.

…Y’a deux fois plus d’oRAGE – Theodora

« Le beau temps c’est pas pour ceux qui ont toujours la rage ». Tout est dit, ou presque. Sur ce titre extrait de Lili aux paradis artificiels : Tome 2, Theodora explore ses zones grises. Santé mentale, pensées noires, corps en miettes : sa voix cristalline se faufile sur une prod électro douce-amère, avant de s’évanouir dans le vocodeur.

Mais même quand ça fait aïe, Theodora garde le panache – avec ces « aïe aïe aïe » presque enfantins, elle a l’élégance des grandes âmes sensibles qui rehaussent le pathos par un peu de légèreté. Révélation féminine aux Flammes 2025, la Boss Lady ne se résume pas à ses tubes bouyon viraux. Elle est aussi ça : une plume, une artiste entière.

Ce qu’on adore aussi sur ce tome 2 ? Cette lucidité désarmante dans Love me lagadou (<3 ?) où elle claque : « J’ai vaincu certaines de mes idées noires donc cet été promis, oui, on fera la fête. » Quand on connaît la suite de son ascension, on peut le dire : Théodora vise juste.

Only in your arms – KOMPROMAT

Silhouette androgyne, menue mais reconnaissable entre mille : crâne rasé, lunettes noires opaques, bombers en cuir. Rebeka Warrior, qui d’autre ? Julia Lanoë de son vrai nom, n’aurait pas pu mieux se nommer. Derrière elle, tel un alchimiste, le grand Vitalic bidouille ses machines avec la précision d’un horloger, glissant des nappes et basses taillées pour mettre en relief les envolées vocales de sa partenaire – cette fois en anglais et en français, plutôt qu’en allemand.

Moins “mort sur le dancefloor” que d’autres titres du duo, Only in Your Arms laisse entrevoir une facette plus douce, presque romantique, sans rien céder à l’intensité. Moins de techno indus, plus de souffle synth-pop. Le morceau plane, charme, envoûte – quatre minutes dix d’un Kompromat un peu plus lumineux, extrait d’un deuxième album toujours aussi dark et dansant, « Playing/Praying ».
Et ça, on aime beaucoup.

Le bruit de mon âme – Kaaris

Scènes de vie marocaines, décor minéral, voix en retrait : “Le bruit de mon âme” montre une autre facette du rappeur de Sevran. Le morceau-titre de son deuxième album solo sorti en 2015 tranche net avec les uppercuts de Kadirov, Se-vrak ou Four.

“J’me rends compte que j’suis bien plus petit que mes rêves” : c’est pas le genre de confidence qu’on attendait de Kaaris et pourtant… c’est cette humilité qui d’un coup de baguette magique humanise le bonhomme et rend ce titre marquant. Entre références littéraires (François Mauriac, Malcolm X), Kaaris livre un texte plus méditatif que martial. Et puis il y a ce refrain de mafioso, qui résume tout :
“J’ai longtemps hésité entre écouter le bruit de mon âme et le bruit de mon arme.”
On sait ce qu’il a choisi. Sinon le film serait moins bon.

Dix ans après sa sortie, Le bruit de mon âme reste dans l’ombre d’Or Noir, mais il renferme quelques-uns des morceaux les plus sincères du rappeur. À revisiter, sans faire de pompes torse nu.