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Notre playlist Electropicales 2025 (partie 2)

& Gaëlle Lhonneur

Sélection / En attendant que la belle éruption Electropicales 2025 jaillisse, on vous a préparé une playlist maison, totalement subjective. Du local bouillant aux têtes d’affiche venues faire trembler le Barachois, de quoi muscler sa culture musicale en se mettant déjà dans le mood.

Boiler room – ANDY4000

RAP, électro, club ou mode : cette Parisienne a un pied dans chacun de ses mondes. Mieux encore, son nom met tout le monde d’accord à l’intérieur de chaque. DJ et host, figure familière des clubs de renom comme des défilés et festivals, Andy4000 est dotée d’un 6ème sens 2.0 aux platines. Sa zone de confort ? Vous retournez un dancefloor avec une sélection qui bastonne, un tour du monde des sonorités, tissant une toile subtile entre la crème du mainstream et de l’underground. 

Sacrément pointue dans ses références, sans toutefois vouloir les étaler : quand Daphné Bürki l’interroge sur France Inter “Pourquoi Andy4000 au fait ?”, elle répond comme si c’était un lieu commun “Ah parce que André3000, figure du rap américain originaire de la scène d’Atlanta. Tout simplement”. 

Quasi introuvable sur les plateformes de streaming, Andy4000 est taillée pour les rencontres en vrai, en live. Ç a tombe bien, elle sera en restitution d’une résidence unique avec Roulèr Killer, le jeudi 9 octobre à Electropicales !

Fat Spliff  SERIAL KILLAZ FT. MAD SAM

Pour les non-aficionados de la scène sound system : Serial Killaz, c’est le duo britannique culte, pilier de la jungle et de la drum’n’bass depuis plus de deux décennies. Pour faire simple, ces deux genres nés dans les raves anglaises et les entrepôts londoniens des années 90 ont chacun leur marqueur : la jungle, avec ses rythmiques frénétiques (les breakbeats), ses voix ragga et ses samples reggae ; la drum’n’bass, qui prolonge cette énergie en poussant les basslines toujours plus loin.

Paru en mars 2025 sur un EP éponyme, leur morceau Fat Spliff, en featuring avec Mad Sam, en est la parfaite carte de visite. Hymne drum’n’bass traversé de vibrations reggae et sound system, il concentre l’énergie brute et festive du duo avec les lyrics et la technique vocale du MC Mad Sam. Serial Killaz ne se contente pas de perpétuer un héritage : ils le réinventent.

Koz Kréol – N’Dji

Authentique, brut, assumé… le rappeur N’Dji n’est plus à présenter sur la scène urbaine réunionnaise. En 2025, « l’ancien” du rap péï a encore frappé fort cette année avec la sortie d’un nouvel album Alors Tonton !. Des instru à l’ancienne, des textes percutants : un retour à un rap de fond, à un rap qui bouscule, un rap “pou fé pèt koko” (qui explose la tête). Un vrai plaisir pour les loveurs de punchlines incisives. 

Le terme militant ne serait peut-être pas adéquat, mais pour le titre “Koz Kréol” on a presque envie de l’utiliser. Le son et le clip clament autant l’un que l’autre la fierté du métissage local. Un sujet commun aux réunionnais, que le rappeur rend si singulier, non seulement par sa plume mais aussi par ces images symboliques de lui, déambulant dans sa ville d’origine : Saint Paul. Et oui, être Kréol ça se revendique. 

HELIX DYNASTY FT. SO FRESH

Il y a des collaborations qui flopent, d’autres qui fonctionnent mais celle-là, elle envoûte. Helix Dynasty et So’Fresh c’est d’abord une histoire de famille : le premier, producteur et dj mauricien, et son frère, chanteur et rappeur. “Mo pou fight”, premier feat, propulse en 2021 la carrière du jeune So’Fresh sur la scène mauricienne, séduisant le public avec des sonorités afrobeat, douces mais dansantes. Le duo n’en reste pas là et impose son style. 

Finalement, le mélange du créole mauricien et d’un univers musical plutôt afro-électrique souffle un vent nouveau. Une brise sentimentale tournée vers l’expérimentation. On pourrait même parler d’un projet des plus prometteurs de la nouvelle scène de l’île sœur, si ce n’est dans l’Océan Indien.

Notre playlist Electropicales 2025 (partie 1)

En attendant que la belle éruption Electropicales 2025 jaillisse, on vous a préparé une playlist maison, totalement subjective. Du local bouillant aux têtes d’affiche venues faire trembler le Barachois, de quoi muscler sa culture musicale en se mettant déjà dans le mood.

Levitating – The Blessed Madonna remix feat Dua Lipa, Madonna, Missy Elliott…

C’est l’histoire d’un remix stratosphérique, comme seule la pop moderne sait en offrir. Tout commence avec Future Nostalgia, album-capsule de Dua Lipa sorti en pleine pandémie, salué comme l’un des meilleurs disques pop grand public de ces dernières années. Très vite, l’idée germe d’en faire une version remixée : ce sera Club Future Nostalgia. Et pour cela, Dua appelle l’arme fatale des platines, The Blessed Madonna.

Cette dernière s’attaque à Levitating avec sa patte club survitaminée. Mais Dua veut encore plus de « fun ». Elle dégaine deux mails bien sentis à… Madonna et Missy Elliott. Les deux divas acceptent illico. Madonna enregistre à distance, glisse même une référence à son tube Lucky Star (1983), pendant que Missy balance son couplet – avec en prime un coup de klaxon (on sait pas pourquoi). The Blessed Madonna assemble le tout façon puzzle rave. Résultat : un remix monumental, devenu le lead single du projet, pressé sur vinyle via son propre label We Still Believe. Épic.

https://www.youtube.com/watch?v=E3tCHMagPOY&list=RDE3tCHMagPOY&start_radio=1

…Y’a deux fois plus d’oRAGE – Theodora

« Le beau temps c’est pas pour ceux qui ont toujours la rage ». Tout est dit, ou presque. Sur ce titre extrait de Lili aux paradis artificiels : Tome 2, Theodora explore ses zones grises. Santé mentale, pensées noires, corps en miettes : sa voix cristalline se faufile sur une prod électro douce-amère, avant de s’évanouir dans le vocodeur.

Mais même quand ça fait « aïe », Theodora garde le panache – avec ces « aïe aïe aïe » presque enfantins, elle a l’élégance des grandes âmes sensibles qui rehaussent le pathos par un peu de légèreté. Révélation féminine aux Flammes 2025, la Boss Lady ne se résume pas à ses tubes bouyon viraux. Elle est aussi ça : une plume, une artiste entière.

Ce qu’on adore aussi sur ce tome 2 ? Cette lucidité désarmante dans Love me lagadou (<3 ?) où elle claque : « J’ai vaincu certaines de mes idées noires donc cet été promis, oui, on fera la fête. » Quand on connaît la suite de son ascension, on peut le dire : Théodora vise juste.

Only in your arms – KOMPROMAT

Silhouette androgyne, menue mais reconnaissable entre mille : crâne rasé, lunettes noires opaques, bombers en cuir. Rebeka Warrior, qui d’autre ? Julia Lanoë de son vrai nom, n’aurait pas pu trouver meilleur nom de scène. Derrière elle, tel un alchimiste, le grand Vitalic bidouille ses machines avec la précision d’un horloger, glissant des nappes et basses taillées pour mettre en relief les envolées vocales de sa partenaire – cette fois en anglais et en français, plutôt qu’en allemand.

Moins “mort sur le dancefloor” que d’autres titres du duo, Only in Your Arms laisse entrevoir une facette plus douce, presque romantique, sans rien céder à l’intensité. Moins de techno indus, plus de souffle synth-pop. Le morceau plane, charme, envoûte – quatre minutes dix d’un Kompromat un peu plus lumineux, extrait de Playing/Praying un deuxième album toujours aussi dark et dansant .
Et ça, on aime beaucoup.

Le bruit de mon âme – Kaaris

Scènes de vie marocaines, décor minéral, voix en retrait :Le bruit de mon âme montre une autre facette du rappeur de Sevran. Le morceau-titre de son deuxième album solo sorti en 2015 tranche net avec les uppercuts de Kadirov, Se-vrak ou Four.

“J’me rends compte que j’suis bien plus petit que mes rêves” : c’est pas le genre de confidence qu’on attendait de Kaaris et pourtant… c’est cette humilité qui d’un coup de baguette magique humanise le bonhomme et rend ce titre marquant. Entre références littéraires (François Mauriac, Malcolm X), Kaaris livre un texte plus méditatif que martial. Et puis il y a ce refrain de mafioso, qui résume tout :
“J’ai longtemps hésité entre écouter le bruit de mon âme et le bruit de mon arme.”
On sait ce qu’il a choisi. Sinon le film serait moins bon.

Dix ans après sa sortie, Le bruit de mon âme reste dans l’ombre d’Or Noir, mais il renferme quelques-uns des morceaux les plus sincères du rappeur. À revisiter, sans faire de pompes torse nu.